Le 22 novembre dernier, j’ai interrogé le Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville Christophe COLLIGNON à propos de la crise de l’engagement des bourgmestres :
On assiste depuis quelque temps à une véritable crise de l’engagement des bourgmestres. Cette fonction serait-elle devenue insoutenable ? Certains jettent l’éponge à mi-mandat, d’autres annoncent qu’ils ne se représenteront pas.
La fonction de bourgmestre a très peu évolué depuis sa définition en 1836. Beaucoup de responsabilités pèsent sur ses épaules, bien sûr en tant que représentant du Fédéral dans la commune, mais aussi parce que le rôle des communes s’est considérablement accru par la délégation de nombreuses missions de niveaux de pouvoir supérieurs. La complexification technique des compétences est également une réalité.
D’autre part, la difficulté de la gestion des nouvelles formes de communication instantanées ajoute une difficulté complémentaire contre laquelle tous ne sont pas armés.
Cela peut devenir vite envahissant et ingérable en plus de la disponibilité 24h sur 24, 7 jours sur 7 qu’il faut pouvoir assumer dans des matières diverses et variées. La crise de la Covid et les inondations n’auront rien arrangé pour certains.
Quelles actions Monsieur le Ministre pourrait-il entreprendre pour améliorer les conditions d’exercice du mandat de bourgmestre afin de redonner le goût à la fonction ?
Quelles stratégies pourraient être développées pour améliorer l’attractivité des mandats locaux, de bourgmestres, mais aussi de mandataires locaux plus généralement ?
Il s’agissait d’une question écrite, à laquelle le Ministre m’a répondu ce 13 janvier :
Je partage le constat de l’honorable membre sur l’accroissement et la complexification des compétences du bourgmestre. Dans notre système institutionnel, ce dernier occupe une place centrale dans la mesure où il doit veiller au bon fonctionnement de la commune, mais aussi assurer la mise en œuvre des politiques d’intérêt général définies par les autorités législatives. La crise sanitaire et les inondations ont encore accru ses tâches et responsabilités. Par ailleurs, l’usage toujours plus intensif des réseaux sociaux est aussi une réalité avec laquelle il faut composer.
La conjonction de ces éléments a pu, très logiquement, renforcer le sentiment que le mandat de bourgmestre devient de plus en plus difficile à assumer, au point de décourager certains. Mes services reçoivent d’ailleurs des témoignages faisant état de ces difficultés.
Concrètement, dans le cadre de mes compétences, ma vigilance porte sur quatre aspects fondamentaux.
Premièrement, je suis attentif à ce qu’une offre de formation de qualité soit proposée aux agents locaux. La complexification des matières et des législations, ainsi que l’extension des compétences des services publics nécessitent des agents locaux formés et informés tout au long de leur carrière. Le rôle de l’administration communale est déterminant dans ce débat, car, s’il peut compter sur des services réactifs et de qualité, le bourgmestre se trouve soulagé dans l’exercice de ses missions. Le rôle des titulaires de grades légaux est fondamental, à cet égard.
Deuxièmement, la législation organique wallonne offre des outils et des méthodes pour faciliter l’organisation au niveau local. Ainsi, la présidence du conseil communal peut être confiée à un autre membre que le bourgmestre. La mise en place obligatoire d’un programme stratégique transversal permet aussi à une majorité de structurer ses travaux à long terme, définissant mieux le rôle de chacun et affirmant clairement les priorités.
Troisièmement, au niveau régional, nous devons être attentifs à ce qu’un accompagnement adéquat soit proposé aux pouvoirs locaux pour la constitution des dossiers administratifs. Ainsi, mes administrations fonctionnelles ont intégré le rôle de conseil et d’accompagnement dans leurs processus internes, par exemple dans le cadre de l’exercice de la tutelle et des appels à projets.
Enfin, je compte aller à la rencontre des communes de moins de 12 000 habitants pour débattre des difficultés locales très concrètes. C’est essentiel, car leurs bourgmestres sont souvent plus esseulés encore que dans les plus grandes entités. Complémentairement, mon administration suit les travaux de l’Association des maires de France afin d’alimenter nos réflexions.
Au-delà de ces éléments, il importe que chaque niveau de pouvoir veille à ne pas alourdir davantage la charge administrative des pouvoirs locaux. Il en va de la pérennité de notre système démocratique qui doit pouvoir continuer à susciter des vocations afin que nos concitoyens soient efficacement représentés.